Nous vous proposons ici, la suite des informations et enseignements obtenus suite à la rencontre avec la Sœur Noélie. Dans cette 2e partie, la sœur précise la nature de son travail auprès des personnes âgées : UNE MISSION.
Tous ceux qui sont à la Maison Jean-Marie Vianney n’ont pas besoin d’aide, mais la fraternité s’impose, les relations interpersonnelles aussi, et donc la communion entre frères. A l’heure actuelle, le contact permanent se fait avec environ 6 personnes qu’il faut aller voir dans la journée ; deux parmi elles sont totalement dépendantes. Les autres prient avec le groupe. Après la messe quotidienne, la sœur échange avec eux pour s’enquérir de leur état de santé, savoir s’ils avaient bien dormi, pour ensuite aller donner les soins infirmiers, s’assurer que le pilulier est bien constitué et les horaires de prise des médicats bien respectés. Infirmière d’état à l’orgine, ce qu’elle fait auprès des prêtres âgés n’est pas juste du travail professionnel de santé pure, mais en même temps ses interventions auprès d’eux sont relationnelles, interpersonnelles, psychologiques.
La sœur Noélie vit cette expérience depuis sa tendre enfance, et pense que le Seigneur l’avait en fait préparée pour cette mission dès l’âge de 11 ans, où elle vivait avec ses grands-parents. Sa scolarité, elle l’a alternée avec une vie monastique ; mais elle a vite compris que ce n’était pas ce qu’elle voulait. L’alternance s’est poursuivie au moment où elle était dans le second cycle du cours secondaire, quand elle a rencontré la Congrégation des Sœurs du Temple de Jésus. C’est là qu’elle a affiné son charisme pour s’occuper des personnes âgées.
Ce charisme a profité aussi à des populations de la région du Centre-Nord, notamment aux services de santé de Pissila, et même au sein des locaux de leur communauté qui a accueilli des orphelins, des enfants malnutris, des femmes accusées de sorcellerie et bannies de leurs communautés, interventions qui se poursuivent d’ailleurs encore aujourd’hui avec d’autres consœurs malgré la situation sécuritaire.
Elle considère son travail comme une mission et déclare : « Quand on reçoit sa mission, mission qu’on ne se donne pas d’ailleurs, mais qu’on reçoit plutôt, il ne s’agit pas de corvée. Quand je pense que quelque chose que je devrais accomplir sera lourde, je me rends compte à la fin que Dieu a anticipé pour moi. Je me confie aussi à lui en disant : c’est toi qui m’envoies. Si tu ne m’aides pas, la pauvre Noélie ne pourra rien faire. Si tu m’aides, je sais que je vais y arriver. C’est vrai, il y a eu des missions qui m’ont fait verser des larmes pour demander la grâce, mais Dieu nous devance dans les choses. Cela fait ma joie ».
Les difficultés existent certes mais forte de sa foi, elle sait qu’il faut les offrir à Dieu, et alors, elles se transforment en joie déclare t-elle. A l’écouter, il se dégage de la sœur, une passion qui transparaît dans ses paroles, pour ce qu’elle fait. Estimant que l’intérêt des personnes dont elle s’occupe prime, elle répond immédiatement quand celles-ci demandent un service, pour éviter de fausser la relation d’aide. « C’est toute une préparation qu’il faut faire autour de l’individu pour le comprendre d’abord afin de l’aider ensuite, et ça passe », ajoute-t-elle.
Etant seulement 2 personnes au départ, les sollicitations étaient assez pesantes, surtout quand des cas de maladie surviennent. La navette entre la maison mère et les hôpitaux et aussi entre les hôpitaux s’impose, pour rester auprès des malades, et pour parler avec les médecins traitants. Elles ont dû s’organiser : une sœur, devrait alors devait rester à Jean – Marie Vianney, et l’autre devait faire la navette, avec et entre hôpitaux et la maison, aussi bien de jour comme de nuit. Mais la réalité des sollicitations a dicté le besoin d’appui aux sœurs. Il a fallu alors trouver 2 infirmiers pour venir en renfort. Cela aussi a requis une grande sélectivité, afin des trouver des professionnels de la santé ayant certaines dispositions naturelles envers les personnes âgées qui sont : savoir les aimer, aimer le travail avec eux, et savoir respecter leur dignité. Certaines circonstances demandent même que celui ou celle qui est en charge de la personne âgée se surpasse comme dans le cas de figure exposé ci-dessous par Sœur Noélie.
« Il déprimait, s’était replié sur lui-même, enfermé dans sa chambre du matin au soir. Chaque jour, c’était à se demander s’il vivait ou n’était plus. J’allais alors à la fenêtre, tapais et lui demandais s’il allait bien. Il répondait, mais restait cloitré dans la chambre. Chaque jour, à la même heure, je tapais encore à la fenêtre, et c’était le même scénario, jusqu’à ce qu’il se dise, que pour éviter que la sœur ne vienne encore taper pour l’embêter il fallait qu’il sorte. La poignée de mains a remplacé le tocage à la fenêtre, pour s’enchainer avec des échanges sincères, brefs et rassurants, et finalement cette personne n’est plus renfermée sur elle-même ».
La relation d’aide faite avec amour, insistance et endurance a permis à cette personne de s’ouvrir et actuellement elle a repris goût à la vie. La déprime qu’il a traversée a rejailli autrement. Toute humble, Sœur Noélie souligne : « Je suis heureuse de cela, mais je me dis que ce n’est pas moi-même qui travaille, c’est Dieu qui passe par là. Ce n’est pas de ma propre volonté que j’arrive à le faire, mais, c’est vrai que le charisme est là, mais quand on n’a pas cette patience aussi, et cette endurance on ne peut pas gagner la mission que le Christ nous a confiée ».
Françoise Kaboré