LES LAÏCS ET LEUR PLACE DANS L’EGLISE

Une conférence sur le laïcat a été donnée par madame Bernadette CONFE, la première présidente du conseil national du laïcat et aujourd’hui personne ressource de la structure, le 20 janvier dernier, à la cathédrale de Koupéla. Ladite conférence était inscrite dans les activités initiées pour la célébration de la dernière étape du cheminement vers les 125 années d’évangélisation du Burkina Faso en 2025. L’année du laïcat s’achevant, c’est l’occasion appropriée pour en parler.

Mme CONFE a évoqué les principales étapes de l’évolution de l’église dans le pays en précisant les la contribution des laïcs aux différentes étapes. Les acquis de l’année du laïcat, les forces, les faiblesses ont été présentées.

Confab Laïcat
       Le Président du Conseil national du laïcat, Mr. Denis DAWENDE et Mme Bernadette CONFE personne ressource pendant la conférence

Les participants ont appris de Mme CONFE, que le laïc, est le chrétien baptisé, qui n’est pas dans l’ordre sacré, mais qui peut mener des activités au sein de la communauté. Les catéchumènes en font partie déjà, ainsi que les catéchistes ayant reçu une formation spécifique. Elle a fait mention du laïc plénier, celui-là même qui est engagé, qui prend des initiatives dans l’église, qui sait suivre le Christ et qui, dans son comportement donne témoignage du Christ. C’est vers ce statut de laïc plénier que devrait tendre chaque chrétien.

Les perceptions des étapes d’évolution de l’Eglise

Mme CONFE a indiqué qu’elles correspondent à trois grandes périodes de modèles d’église dont l’Eglise pyramidale, l’Eglise Communion ou Eglise peuple de Dieu, et le Peuple de Dieu.

1900-1962 : Période de l’église pyramidale

C’était une période de prééminence de l’autorité ecclésiale où les laïcs attendaient passifs pour faire ce que cette autorité voulait qu’ils fassent. La croyance était celle de Dieu au ciel, puis suit Jésus dont la mère était à côté. Sur terre étaient dans l’ordre le Pape, les évêques, les prêtres, les frères, les sœurs, et enfin les fidèles au bas de l’échelle.

La contribution des laïcs dans l’Eglise pyramidale

Pendant la période pyramidale tout ce que faisait le laïc été comptabilisé au crédit du clergé. La présence des catéchistes missionnaires était notable quand les missionnaires sont arrivés ; ils entraient en contact avec les villageois pour comprendre le fonctionnement des communautés, afin de retenir ce qui pouvait faciliter l’assimilation de la nouvelle foi qu’ils avaient amenée avec eux. Ce contact avec la population locale les a permis de comprendre qu’ils pouvaient compter sur certaines personnes pour instaurer une société d’élites notamment des laïcs d’élite, un clergé d’élite et des personnes consacrées d’élite. C’est ce qui a guidé la construction des écoles et des séminaires.

Participation des laïcs :

  • Des catéchistes qui, formés par les missionnaires assuraient la relève des Pères missionnaires
  • Les baptisés se sont battus pour empêcher la pénétration des sociétés secrètes dans les rangs des croyants ; pour cela, ils ont connu beaucoup d’humiliations, de turpitudes de toutes sortes, mais ils ont tenu bon dû à leur foi
  • Des chrétiens choisis par les missionnaires étaient responsables des quartiers saints
  • Les mouvements d’actions catholiques qui ont été mis en place pour stimuler la jeunesse et ont beaucoup contribué dans la liturgie et les chants.

1962-1977 : période de l’Eglise communion ou encore Eglise peuple de Dieu.

Elle comprenait tout le monde et correspond à l’avènement du Concile Vatican II (1962-1965), en allant jusqu’aux options fondamentales. L’église a été revue par les évêques conciliaires qui ont mené la réflexion et abouti à la conclusion qu’avec le baptême, tous les enfants de Dieu demeurent égaux, ont la même dignité, et sont les frères de Jésus. Même si les états de vie ne sont pas les mêmes, chaque groupe (prêtres, consacrées et laïcs) a son mode de vie, et tous les modes de vie sont interdépendants.  Chacun œuvre, afin que l’église s’épanouisse et prospère. La force n’était plus concentrée, elle était désormais diffuse, et le clergé était au service du peuple de Dieu.

Contribution des laïcs pendant la période de l’Eglise communion ou Eglise peuple de Dieu

  • La crise des écoles catholiques après le Concile Vatican II a engendré un manque d’espace pour faire le catéchisme. Cela a eu comme effet bénéfique un éveil de conscience des laïcs, et l’option des papas et mamans catéchistes a été trouvée pour pallier ce manque d’espace.
  • En 1971 intervint la mise en place de la communauté chrétienne
  • Pendant cette période des laïcs ont pris part aux enquêtes sur la participation des laïcs à la vie de l’église.

A partir de 1977, on parle du peuple de Dieu

C’est une église fondée sur le modèle de la famille traditionnelle, et sur la Sainte Trinité. Par le baptême, tous les enfants de Dieu vivent la même égalité, et la même dignité. Pour donner l’opportunité à chaque chrétien de retrouver sa place dans cette famille, l’on a mis en place les Communautés chrétiennes de base (CCB) dans les différentes paroisses.

Contribution des laïcs à partir de 1977

Depuis, c’est comme un éveil qui s’est poursuivi puisqu’en 1987 ; une grande rencontre a été organisée à Rome avec comme thème, “Identité et mission du fidèle laïc dans l’église et dans la société”. Les laïcs y ont participé, et chaque pays devait organiser le même forum pour sensibiliser ses laïcs sur leur identité et leur mission dans l’église. Au Burkina Faso, on note plusieurs acquis dont :

  • La création du Conseil national des laïcs en 1990 avec Mr. Georges Ouattara comme 1e président et l’organisation du laïcat pour administrer des questionnaires d’enquête du niveau national.
  • La tenue de la 1e conférence nationale en 1992. Le thème était : Participation du fidèle laïc dans l’église et dans la société
  • La 2e conférence tenue en 1996 avec pour Thème : “foi et culture” . Les laïcs y ont massivement pris part
  • Un nouveau souffle de dynamisme du laïcat retrouvé dans le pays, suite à l’Assemblée plénière des évêques de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (RECOA CERAO1) à Abidjan en Côte d’Ivoire pour remettre le laïcat sur pied, au plan sous régional. A cette occasion l’on a mis en place le Conseil régional du laïcat de l’Afrique de l’Ouest. C’était en 2008-2009 et c’est de là qu’est parti le terme “laïcat plénier”, qui veut dire proactif, responsable, engagé.
  • L’organisation du congrès national du laïcat en 2011, avec des recommandations qui aujourd’hui encore impriment la bonne avancée du laïcat
  • Le Forum des mouvements et associations intervenu en 2013
  • Des apports techniques et financiers au petit séminaire
  • La prise de responsabilités dans les écoles de formation
  • Les jeunes prêtres instruits par les forces de sécurité afin qu’ils puissent se défendre en cas d’insécurité
  • Beaucoup de laïcs formés au Centre spirituel Paul ZOUNGRANA.

Acquis de l’année du laïcat

  • Le lancement de l’année
  • Le passage du flambeau dans les paroisses
  • La tenue de la formation du laïcat
  • Des sessions de formation sur différents thèmes
  • Des célébrations eucharistiques
  • La présentation de vœux aux évêques
  • Le pèlerinage
  • La clôture de l’année du laïcat.

 

Les forces du laïcat ont été révélées à cette conférence dont :

  • La participation des laïcs dans la vie de l’église, preuve de leur appartenance à cette église et de leur communion avec elle
  • La prise de conscience par tous, du caractère communautaire de cette église
  • L’existence de structures responsables du laïcat, cadres de communion, de prières, de foi, de solidarité, d’éducation spirituelle, cadres d’éveil, d’engagement, d’apprentissage.
  • L’existence des cadres de formation des fidèles laïcs et d’opportunités pour les laïcs de renforcer leurs compétences et de s’engager dans les activités au sein de l’église, d’occuper leur place au sein de l’église.
  • L’intervention des laïcs dans la formation, contribuant à former des personnes consacrées et impactant positivement la vie et le fonctionnement des instituts de formation.
  • La présence des laïcs dans les délégations spéciales
  • L’amélioration du rôle des femmes qui ne font plus que la cuisine, mais qui contribuent à la réflexion
  • La présence des jeunes dans des activités diverses
  • La doctrine sociale de l’église, qui ouvre la voie à chaque laïc de jouer son rôle comme il l’entend.

Les faiblesses

  • La quête du savoir est limitée chez les laïcs
  • Les dons qu’ils font ne sont pas suffisants
  • Peu de personnes acceptent de se sacrifier.

 

1 Regional Episcopal Conference of West Africa (RECAO) et en français Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO)

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